Nicolas de Lageneste, RESTONS POSITIFS !

Votre Administrateur de l’Association AQPS et représentant Alliance Galop, membre élu au Conseil d’Administration de France Galop, s’est exprimé dans Jour de Galop le 5 mai 2020

 La crise que nous connaissons aujourd’hui est sans précédent, imprévisible et soudaine, avec une ampleur dramatique touchant tous les pans de l’économie mondiale. Beaucoup de secteurs vont être dans des positions particulièrement difficiles…

Notre activité de courses et d’élevage n’y échappe pas, dépendante des encouragements et donc de l’activité du PMU. L’impact prévisible du Covid sur les ressources de la filière a été estimé à 391 millions d’euros pour 2020…

Normalement l’enveloppe nécessaire à l’organisation de nos courses est de 65 millions d’euros par mois. Mais le résultat moyen par mois entre mai et fin décembre de cette année ne sera, suivant les prévisions, que de 36 millions. Soit 45 % de moins que normalement…

Chacun peut donc comprendre que nous aurions dû prévoir de baisser les allocations de 50 % cette année pour ne pas vivre au dessus de nos moyens (avec des mois de mai et juin sans financement et payés à crédit). C’est ce qui se passe dans les autres pays limitrophes qui prévoient drastiquement une baisse de 50 % de leurs allocations…

Une autre solution avait été envisagée par le Trot à un moment. Elle consistait à ne pas courir du tout en attendant fin juillet le début d’un redémarrage des prises de paris au PMU… France Galop n’a pas voulu adopter ces idées, inacceptables pour chacun de nous les acteurs des courses qui dépendons quotidiennement des encouragements distribués.

 

Aussi, face à un manque au budget prévisionnel 2020 pour France Galop de 118 millions d’euros, les chefs de services de France Galop et ses dirigeants ont fait un travail colossal (malgré une baisse des effectifs en chômage technique ou partiel de 80 %, source d’économie), établissant des dossiers de grande qualité pour permettre une négociation avec les ministères de l’Economie et des Finances, du Budget et de l’Agriculture. Nos interlocuteurs ont commencé à dire qu’ils avaient des dossiers plus prioritaires que celui de la continuité de nos courses (activité encore trop mal perçue et plus considérée aujourd’hui comme un loisir), mais la persévérance et le volontarisme affirmés d’Edouard de Rothschild et de Jean Pierre Barjon ont permis une sensibilisation et conduit à une reconnaissance de notre secteur économique et ses acteurs. Ces négociations ont permis l’équivalent d’un prêt de trésorerie à taux zéro de la part de notre tutelle (l’Agriculture et le Budget) qui renonce à encaisser aujourd’hui la moitié de la fiscalité prévue sur les enjeux de février/mars et pour les mois à venir. Cela peut donc aujourd’hui permettre aux Sociétés Mères de pouvoir disposer d’une trésorerie suffisante jusqu’au mois de septembre pour organiser la reprise des courses, aidé en plus par leurs réserves de trésorerie ainsi que du compte courant disponible au PMU.

Dès l’annonce d’un premier déconfinement, la reprise des courses le 11 mai pouvait alors être envisagée. Nous avons aujourd’hui le feu vert de la Préfecture de Police de Paris. C’est un formidable succès, un « miracle » selon certains, mais c’est surtout une victoire pour nos Sociétés Mères… Alors que nous apprenons dernièrement que la reprise des courses en Allemagne, en Irlande et en Angleterre pourraient être retardées à début juillet.

 

La préoccupation première des Sociétés Mères a toujours été de soutenir au maximum les propriétaires, les entraineurs, les éleveurs et les jockeys. C’est la priorité réaffirmé régulièrement par Edouard de Rothschild, avec un maître mot: la solidarité.

 

Pour permettre cette reprise, après plusieurs réunions le Conseil d’administration a dû se résoudre, la mort dans l’âme mais à l’unanimité, à proposer une baisse de 20 %. Si elle n’est pas satisfaisante, cette option a semblé au vu des dossiers et du contexte économique être la moins mauvaise solution, même si elle entraînera un résultat négatif net de France Galop de 81 millions d’euros en fin d’année et bien malheureusement un inéluctable manque à gagner pour nous socio-professionnels.

 

Le Conseil d’Administration a essayé d’aider le plus grand nombre proposant la mise en œuvre de cette solidarité à travers plusieurs mesures qui méritaient bien un peu de communication:

– 10 % des allocations des courses principales (Black Type), soit 5 millions d’euros, seront récupérés pour approvisionner une enveloppe destinée aux acteurs les plus nécessiteux, sous une forme qui reste en discussion.

– les chevaux entrainés à l’étranger n’auront pas le droit de venir participer à nos épreuves sur notre sol jusqu’à début juin. C’est une enveloppe non négligeable d’environ 9 % de plus des allocations qui reviendra aux chevaux français.

– sur proposition de l’AEP la priorité sera donné aux partants français jusqu’à la fin du mois d’août en cas d’éliminations (un cheval ayant couru à l’étranger dans l’une de ses cinq dernières courses ne sera pas prioritaire).

– plus de participants seront rémunérés dans les handicap, allant jusqu’aux dix premiers.

– nous allons recourir et financer toutes les courses Premium prévues du 11 mai au 31 décembre, avec des nouveaux programmes au sein desquels on va rajouter plus de 15 % des courses qui avaient pu être annulées dans la période du 15 mars au 10 mai (au contraire du Trot qui ne va repêcher aucune de ces courses). Certaines réunions proposeront  donc dix ou 11 courses.

-grâce aux services d’Henri Pouret, qui ont fait un travail extraordinaire, il est envisageable aujourd’hui (ce qui n’était pas prévisible hier…), d’organiser près de 75 % des courses PMH sur tout le territoire français.

– des enveloppes supplémentaires sont prévues pour les dédoublements prévisibles dans les courses de jeunes chevaux.

– la situation sera revue mois par mois mais avec un espoir d’une bonne reprise des enjeux en septembre pouvant permettre de revoir la copie des allocations à ce moment là, le PMU étant raisonnablement optimiste pour l’avenir avec une politique voulue plus offensive, notamment sur le online.

 

Dans ces cas de figure, la trésorerie de France Galop devrait être préservée pour permettre de démarrer sereinement l’année 2021, à allocations identiques à celles prévues début 2020.

La comparaison avec le Trot permet de constater qu’il n’y a en fait que peu de différence entre les deux disciplines. Depuis 2017, nous aurons baissé nos allocations de 35 % alors que le Trot l’aura fait de 33 %, sachant que l’espoir de gains chez les trotteurs est plus faible compte tenu des effectifs: 9650 galopeurs contre 18000 trotteurs…

 

Quant au Prêt Garanti par l’Etat, cela semble une fausse bonne idée. Bien sûr, cette solution a été considérée par France Galop qui ne s’interdit toujours pas de l’instruire plus tard éventuellement, mais les représentants du Budget n’ont donné que peu d’espoir à soutenir cette hypothèse (donnant déjà par la baisse de fiscalité sur les enjeux) et, au mieux, cela n’aurait pu représenter que 55 millions d’euros (le maximum possible étant pour les deux maisons mères de 110 millions d’euros). Il faut également considérer le risque possible d’une inflation à venir et des taux d’intérêt pouvant grimper à 10 % ou plus dans les années à venir. Un prêt doit bien sûr être remboursé et pour ce qui nous concerne cela entraînerait à nouveau une baisse des allocations dans les années à venir.

 

Il est indéniable que nous allons TOUS souffrir…

Alors essayons de rester sereins, solidaires, confiants et surtout positifs.

Et vivement 2021 !!